dimanche 14 novembre 2010

«Mes» élèves d'alphabétisation

Je n'aime pas abuser des déterminants possessifs. Après tout, on ne peut pas posséder d'individus, tout comme on ne peut appartenir à une personne.

J'adore les enfants en tant qu'entités à part entière, mais ma capacité de materner un ensemble d'enfant (une classe, autrement dit), est assez limitée. J'ai pu le constater lors de ma seule journée de suppléance dans une école primaire. Je me sentais mal à l'aise lorsque les enfants me faisaient des gros câlins. Je ne trouvais pas les mots justes pour les rassurer quand ils pleuraient parce qu'ils s'étaient fait voler leur figurine de Pokémon. Bref, parfois, sans explication rationnelle, on comprend vite ce qui est fait pour nous et ce qui ne l'est pas.

Malgré tout, je me dois de reconnaître que je m'attache très facilement aux individus, pour le meilleur et pour le pire. Les raisons qui font qu'un adulte ne sait pas lire sont assez complexes, et je n'ai pas assez d'expérience dans le domaine pour faire une thèse sur le sujet. Sauf qu'en quelques mois et après avoir mené une petite enquête, quelques raisons universelles ressortent (autrement dit, rien d'étonnant):
-Certains adultes ont une légère déficience intellectuelle, diagnostiquée ou pas
-Certains ont des troubles d'apprentissage assez lourds, souvent diagsnostiqués
-D'autres ont eu un parcours familial parsemé d'embûches, de manque d'amour, et de manques de toutes sortes
-Finalement, certains adultes ne connaissent simplement la langue française et ont besoin de plus de temps pour l'apprendre. Pour eux, soit il n'y avait plus de place en classes d'accueil, soit le passage dans celles-ci n'a pas été fructueux

Évidemment, il y a des exceptions. Mais je vous dirais que ces catégories représentent assez bien la clientèle de mon école.

Il est difficile de planifier des activités d'apprentissage qui sollicitent tout ce melting pot d'élèves qui, d'ailleurs, ont parfois bien d'autres préoccupations. Cependant, la solidarité entre ces adultes est très particulière, et le respect règne dans la classe. Si un élève ose manquer de respect à un autre, le reste de la classe se mobilise immédiatemment pour défendre celui qui, pour une raison quelconque, est différent. Bon, je réagis aussi, ne vous inquiétez pas. Mais je ne peux pas tout contrôler lors des pauses et de l'heure du dîner, et je sais que l'harmonie et le sentiment de fraternité se prolongent aussi en dehors des heures de cours.

Tout ça pour dire que maudit que j'aime mon travail! Et je me réjouis d'être tombée sur un aussi beau contrat, sur une classe aussi unie, attachante et attachée.

À la revoyure!

4 commentaires:

  1. C'est tellement chouette quand on connait des moments de bonheur dan ce boulot.

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  2. Bonheur de lire ton petit billet.
    Savoure, déguste. Réjouis des progrès.
    Effectivement, tu sembles vivre une belle expérience. Tant mieux pour toi!

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  3. Merci pour les commentaires, c'est apprécié

    J.

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  4. Trois ans d'expérience avec des groupes d'adultes, et trois années avec des gens exceptionnels. Qui s'écoutent entre eux, font souvent preuve d'une patience peu commune... et si besoin rappellent les règles mieux que je n'oserais le faire!
    Bonne continuation

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