dimanche 20 septembre 2015

De l'absence de militantisme

Et nous voilà bientôt en journée de grève. Je me sens combative, en feu, prête à piqueter aussi tôt qu'il le faudra (après un ou deux cafés). Mais je me suis vite rendue compte que j'étais une des seules profs de l'école à être pour la grève.

Lors de la dernière assemblée syndicale, celle concernant les moyens de pression à prévoir cet automne, à peine 2 ou 3 profs de mon école étaient présents. Bon, je dois avouer que je n'y étais pas, l'année dernière. Mais j'étais en sabbatique de l'enseignement et mon autre emploi ne me permettait pas d'y assister.

Alors, essayez de m'imaginer seule, chaque midi, appuyée par une autre prof, en train de discourir sur l'importance de participer aux assemblées parce que le syndicat, c'est nous-autres finalement, qu'on doit être solidaires même si on n'accepte pas la décision de la majorité et bla bla bla... Et certains profs de me regarder avec un sourire de pitié, se disant sans doute: Ah, elle est encore jeune et naïve, celle-là... J'étais comme ça dans le temps.

Mais le coup final a été porté par une collègue que j'apprécie particulièrement: «Tsé, ça fait des années que ça lève pas ici. Tu peux ben essayer, mais ça changement rien, je te le garantis.»

Ouin... Donc, moi pis mon autre collègue, on va essayer d'empêcher les 3-4 employés de soutien de rentrer travailler le 30 au matin. J'espère qu'ils seront pas d'humeur obstineux parce que s'ils en viennent au corps-à-corps, on va se faire planter.



vendredi 10 avril 2015

Un certain malaise / de retour à l'enseignement

Ces derniers jours, on entend beaucoup parler d'austérité et pas assez, à mon goût, de coupures en éducation (pas très objectif, je sais, mais que voulez-vous).

Je ressens un certain malaise, parfois, quand je lis des lettres d'opinion publiées dans les médias par des enseignants frustrés et épuisés. Je suis la première à comprendre leur découragement. J'ose à peine imaginer ce que doivent ressentir les profs qui se sont dévoués pendant tant d'années et qui, impuissants, voient leurs conditions se dégrader au fil du temps. Tout cela dans l'indifférence quasi-générale des citoyens qui sont davantage émus par la branlette publique d'une vedette que par le manque de services aux élèves.

Malgré ça, je ne crois pas que ce genre de cri du coeur attire la sympathie envers notre cause...

D'abord, j'ai remarqué que souvent, les revendications étaient de nature individuelle: «mon salaire», «mes conditions de travail qui se dégradent». Montrer plusieurs exemples de frustrations de la vie quotidienne de l'enseignant peut être bénéfique pour aider à mieux comprendre en quoi consiste la tâche  et en quoi les coupures peuvent l'alourdir. Cependant, je ne crois pas que cette stratégie soit gagnante. Pour ceux qui ne baignent pas dans le milieu, il est très facile de penser aux conditions de travail générales d'un enseignant, de comparer avec les siennes et de se dire que le nombre de «congés» justifie amplement le nombre d'heures supplémentaires qu'on leur demande de faire durant l'année scolaire.

Je crois que la manière gagnante de revendiquer est de le faire en laissant de côté les frustrations «trop» personnelles, même si c'est difficile, et de prouver que les coupures affectent concrètement les élèves et la société en général. Pourquoi est-ce qu'il est dangereux de couper dans l'éducation, finalement? Pourquoi est-ce qu'elle devrait être la priorité d'un gouvernement? Justifiez l'importance de la profession enseignante en général et vous justifierez les conditions de travail adéquates du même coup, sans avoir à vous référer aux vôtres.

Encore là, je doute que la population soit réceptive. J'ai l'impression que beaucoup de gens intègrent le discours libéral et répètent sans cesse la même cassette: il faut bien couper en quelque part, tout le monde doit faire sa part, même les enseignants, etc. La triste réalité est que, trop souvent, seuls les acteurs du milieu de l'éducation en comprennent l'importance. Et on a l'impression qu'il faut justifier jusqu'à l'existence même de notre profession. (Après tout, est-ce vraiment utile d'être cultivé dans une société comme la nôtre? Y a les internets pour s'éduquer.)

Personnellement, cette gronde générale me donne encore plus envie de retourner enseigner, aussi paradoxal que ça puisse paraître. Les conditions risquent de se dégrader au cours de années si la tendance se maintient. Mais j'ai envie de vivre cette période de revendications de l'intérieur, pas en tant que spectatrice désabusée. Et j'espère vraiment que les choses évolueront pour le mieux.




lundi 26 janvier 2015

La fille de la ville

Il y a quelques mois, il a amorcé son discours de rupture en me rappelant que j'étais «une fille de la ville», qu'il ne me sentait pas heureuse dans son environnement, celui qu'il n'a jamais quitté et qu'il ne quittera probablement jamais. Les séparations sont-elles moins tristes quand elles sont inévitables?

C'est vrai que je ne voyais mon séjour que comme une trêve, un ressourcement. Que quand je revenais visiter famille et amis, je revenais à la maison, en quelque sorte.

Même si je m'ennuie maladivement des grandes promenades sur la rive, de ces paysages qui nous font sentir si fragiles, je suis de retour. Parce que parfois, il faut savoir prendre du recul pour apprécier.