mardi 14 septembre 2010

Encore un autre message! Je suis en feu, faut croire

Les nouvelles parlent d'une femme souffrant du syndrome de l'accent étranger. Sur cet article qui date un peu, on relate plusieurs histoires du même genre.

http://www.psychoweb.fr/articles/neuropsychologie/360-le-syndrome-de-l-accent-etranger.html

Dans l'entourage de mon père, une femme très souverainiste en a aussi été victime il y a quelques années. L'ironie du sort, c'est qu'elle s'est retrouvée à ne parler que l'Anglais, elle qui détestait les Canadiens et qui ne jurait que par le Français avant son accident!

Dans son cas, comme elle était bilingue, les médecins ont supposé qu'une partie de son cerveau, celle où se trouvait sa langue seconde, avait été «rescapée» La langue anglaise agissait donc comme une roue de secours. L'accent anglais, lui, était typique du syndrome mentionné plus haut, par contre.

Ton condescendant d'une future ex prof dans un article

Bon, voilà que je suis tombée sur cet «article» écrit par une ancienne prof, qui a enseigné un an avant de changer de profession. Celle-ci se fie sur la création d'une page Facebook par des futurs enseignants qui ont peur du test TECFEE pour juger de la qualité du français écrit des étudiants en enseignement en général.

http://actualites.ca.msn.com/chroniques/chroniques_emilie_dubreuil.aspx?cp-documentid=25501654&fb=l

Je comprends que c'est un texte d'opinion plus ou moins sérieux. Je n'aime cependant pas la manière dont le sujet, très pertinent mais très délicat, est traité. Évidemment, je ne me sens pas du tout concernée par toutes les accusations envers les futurs enseignants. J'aimerais juste qu'on tente de trouver des vraies solutions au lieu de rabaisser, encore une fois, la profession.

Il devient dangereux de tomber dans les généralités. Il faut tenir compte de plusieurs faits, selon moi.

D'abord, je me demande si les enseignants de mathématiques, d'éducation physique et de science qui ont plusieurs années d'expériences sont nécessairement meilleurs en français écrits que leurs successeurs. Autrement dit, est-ce qu'en sortant de l'université, il y a vingt ans, ces enseignants n'ayant pas le français comme spécialité maîtrisaient davantage la langue française parlée et écrite, dans l'ensemble? Adolescente, je me souviens très bien d'avoir croisé des profs de maths, par exemple, qui faisaient des fautes aux deux mots lorsqu'ils écrivaient au tableau.

Si le phénomène est réellement plus répandu, il importe d'en trouver les raisons. Peut-être que le système ne «filtre» pas assez, que certains étudiants ne devraient pas (ou n'auraient pas dû) se rendre à l'université, je ne sais pas. Peut-être que l'enseignement du français est moins rigoureux qu'autrefois? C'est difficile à dire, je n'y étais pas! Chose certaine, dans notre volonté d'accepter plus d'élèves en difficulté d'apprentissage, on accepte probablement plus d'élèves médiocres qu'avant (je n'aime pas le terme employé, ça fait très snob, je devrais dire moins bons ou moins faits pour l'école). Mais je conserve le mot, tout de même, et je l'assume. Je crois que plusieurs étudiants universitaires sont effectivement médiocres en français écrit, c'est donc dire qu'ils ont réussi leur secondaire et leur cégep avec une très faible maîtrise de leur langue maternelle. Chose certaine, ils ont dû passer sur les fesses!

Je crois donc que cela fait partie de nos choix de société. La logique veut qu'une école moins sévère fera plus de diplômés, non?

Chose certaine, chez les jeunes adultes, le sentiment d'appartenance à la culture québécoise, et donc à la langue française, est beaucoup moins fort. La plupart de mes amis, qui sont dans la vingtaine, se nourrissent de téléséries américaines, mais connaissent très peu les classiques québécois (écrits, filmés ou joués au théâtre). Les adolescents et les jeunes adultes déplorent le fait qu'à Montréal, dans certains quartiers, les francophones sont en minorité. Pourtant, certains nouveaux arrivants arrivent à mieux maîtriser la langue française que les Québécois, même si c'est une langue seconde. Parce qu'eux, ils ont la volonté d'apprendre, et d'exceller.

Mais comment peut-on redonner le goût de maîtriser la langue française si on ne fait que relater des faits négatifs, du genre «les jeunes ne savent plus parler, ils sont incultes»? Est-ce que cela donne vraiment envie de se mettre à s'approprier cette langue? Je me souviens d'un professeur de maths, qui me rabaissait souvent. À force d'être traitée de poche, j'ai fini par me désintéresser complètement de cette discipline... J'ai même développé une certaine fierté à être nulle: oui, j'étais nulle, mais c'était correct, parce que je n'aimais pas les maths. C'est justement l'excuse que j'entendais lorsque je travaillais dans le Centre d'aide en français pour futurs enseignants: «oui, je suis poche, tous les profs me le rappelaient. Je me suis désintéressé au point d'avoir peur d'écrire, et j'en suis rendu là, à l'université, à ne pas maîtriser ma propre langue».

Bref, je vais finir sur une note positive. Ma cohorte de futurs enseignants de français se porte bien, je vous l'assure. Les moins bons dans notre discipline, au cours des années (j'en suis à la quatrième), ont progressivement quitté le Bacc. Pourquoi? Parce que pour eux, subir des cours de littérature et de grammaire, c'était trop. Ils ont bien vu que pour enseigner, ils devaient avoir un intérêt certain pour la matière! On peut difficilement réussir la dizaine de cours consacrés uniquement aux connaissances disciplinaires sans avoir un certain talent, d'ailleurs. Il y a donc un certain filtrage, finalement...

Il faudrait surtout se pencher sur la pertinence d'obliger les enseignants des autres disciplines à suivre des cours de grammaire durant leur formation universitaire, je pense. D'autant plus que les futurs enseignants de primaire n'ont qu'un cours de grammaire optionnel! Voilà qui m'inquiète davantage...

Je vais arrêter ici, je deviens un peu incohérente avec la fatigue. Ah, les cours de soir!