samedi 15 juin 2013

La fin d'année fin du monde

Je me retrouve célibataire au mois de juin, durant cette saison qui était la nôtre. J'ai découvert juste à temps un pan de toi très peu reluisant.

Et pourtant, j'aurais dû le deviner plus tôt. J'ai reçu quelques avertissements d'amis que j'ai ignorés. Je défendais avec ferveur mon choix et te présentais comme le père de mes enfants.

Je t'ai pardonné de grands affronts, comme tes manières de séducteur effréné qui se censurait à peine en ma présence, ta façon grossière de regarder les belles femmes. Je croyais, cependant, que ça te suffisait.

Je me souviens de la laideur de ton visage lorsque tu rentrais, ivre et malade, aux petites heures du matin. La même que j'ai connue toute mon enfance et que j'acceptais pourtant. 

Je me souviens de ton silence des derniers mois, de la honte que tu semblais éprouver et que je croyais être liée à ton problème d'alcool, que tu tentais de résoudre en thérapie.

De la douceur de nos étreintes qui calmait mes doutes perpétuels.

De l'étrange impression que quelque chose clochait, sans savoir quoi... 

De ma confiance aveugle en ta fidélité, enfin, avant la semaine dernière. Avant que ma vie bascule, que je te découvre et que tu avoues l'inavouable: ton envie de séduire maladive, destructrice, qui en a blessé tant d'autres avant moi. 

Je croyais à tort être celle qui te connaissait le plus, dans tes abîmes les plus profonds. Je ne voyais que la façade, en fait. 

Maintenant, je me sens terriblement seule dans cette ville, dans mon appartement presque vide, entourée d'une montagne de boîtes que nous avions érigée dans le but de déménager ensemble en juillet. 

Je ne saurai plus jamais distinguer le vrai du faux dans cette relation trouble. Je me plais à croire que tu puisses regretter ta malhonnêteté et l'état dans lequel je risque de patauger longtemps. 
J'ai honte de ma naïveté, de la complicité silencieuse de tes amis, qui se disaient les miens.

L'an prochain, je ne reviendrai pas à l'école où j'aimais pourtant travailler pour ne plus te croiser comme collègue. Puisque la pensée de déménager sans toi dans notre appartement m'est insupportable et que je ne me vois nulle part, je tente ma chance en Côte-Nord, où j'ai de la famille et quelques amis. Montréal est trop petite pour nous deux, et chaque recoin me rappellerait des souvenirs maintenant douloureux. 

Je ne te mépriserai même pas. Ce serait une perte de temps et d'énergie. Un jour, peut-être, nos beaux moments me paraîtront doux et l'idée que tu sois guéri de tes tares me fera plaisir.

En attendant... Va ..... et laisse moi survivre en paix.