mardi 15 juin 2010

Dommage

Ça me gêne de le dire tout haut, mais c'est ainsi: J'ai hâte aux vacances... J'aurais aimé que cette première année dans l'enseignement se termine bien, que la profession ne me laisse pas déjà un goût amer.

Mais, voilà, je me bats depuis plus d'un mois pour dénoncer un élève qui ne vient à l'école que pour recruter des filles escortes. On en soupçonne même trois, dont deux sont dans mon groupe, où ils ne font que foutre le bordel et écoeurer les autres adultes qui eux viennent vraiment décrocher leur diplôme.

On me dit que pour suspendre un élève ça prend une «vraie» raison, que si ce que j'ai vécu était si pire, je n'avais qu'à appeler la police. Les autres profs me supportent encore, mais ils préfèrent ne pas parler de ce sujet. La direction est en gros conflit avec les profs, donc tout le monde a d'autres chats à fouetter.

N'empêche que j'ai crissement hâte aux vacances. Desfois, je me demande pourquoi j'ai choisi ce métier-là. Après tout, la fille réservée et sans confiance en elle, c'était moi. Est-ce que je vais vivre une relation amour-haine avec mon travail toute ma vie? Je crois bien que oui...

dimanche 6 juin 2010

Mon père

Parfois, on pense avoir réglé certains conflits familiaux, et ça nous retombe brusquement dessus. Dernièrement, lors d'un souper avec mon père, nous avons discuté des raisons pour lesquelles je ne voulais plus voir sa famille.

En fait, j'ai réalisé que je n'avais jamais donné de motif clair. Je considérais que c'était mon choix, que personne n'avait à s'en mêler. Il faut dire que j'ai toujours eu une tête de cochon.

Et là, voilà qu'après huit ans sans contact avec ma famille paternelle étendue, on me demande de m'expliquer. J'avais quelques verres dans le nez et je me suis dit: bah, tant qu'à y être, il va les connaître en long et en large, les raisons. Eh bien, ça n'a pas été beau. Il serait inutile d'essayer de décrire cette famille dysfonctionnelle dans les détails. Pour vous donner une image, prenez quelques enfants orphelins (mon père, ses frères et soeurs) et ajoutez-y sans modération quelques troubles mentaux, de l'alcoolisme, de l'inceste, des conflits familiaux à répétition et, surtout, un manque d'amour et de confiance en soi qui pousse à vouloir détruire les autres, ou du moins à les rabaisser. Et voilà, vous avez un beau portrait de la famille, celle avec laquelle j'ai décidé un jour de couper les ponts.

N'empêche qu'en rentrant chez moi, après cette longue conversation qui ne menait nulle part, je ressentais une certaine tristesse. J'ai un peu replongé mon père dans son enfance minable, crasse, sans amour, et j'ai dû lui rappeler les soirées de Noel où, pendant que les adultes s'engueulaient et se battaient sous l'effet de l'alcool, nous, les enfants, n'avions qu'une envie: ne pas finir comme eux.

Et je crois qu'il a finalement compris, avec une certaine amertume, que c'était trop tard. Qu'il y a des choses qu'on ne pouvait pardonner. Il a aussi compris que j'avais choisi de lui pardonner et de l'accepter comme il était, point.

Mon père, à cause de ce qu'il a vécu, ne sera jamais un papa gâteau comme on voit dans les cartoons. Mais au moins, il est là et fait du mieux qu'il peut.

mardi 1 juin 2010

De l'inefficacité de la direction

Il y a une suite à cette pathétique histoire d'harcèlement. Je ne vais pas m'étendre sur ce que l'élève a fait et à qui, etc. Car dans mon cas, c'est réglé. Par contre, il en a remis plusieurs couches en harcelant des élèves, allant même jusqu'à les suivre après l'école, etc etc.

La réaction de la direction? «On ne peut pas le suspendre parce que ça pourrait revenir contre nous s'il se plaint à la commission scolaire. Comme ça se passe en dehors de l'école, même si ça touche des élèves et du personnel, ça ne nous concerne pas directement».

Selon la directrice adjointe, les filles touchées devraient plutôt appeler la police. Est-ce que les filles vont se faire chier à appeler la police parce qu'un tata est trop insistant et qu'il fait du renforcement négatif... via internet, par dessus le marché? Pas sûre... Est-ce que ça lui donnerait quand même une bonne leçon de se faire suspendre de l'école? Me semble, oui.

Pendant ce temps, Monsieur doit rire dans sa barbe de toutes ces femelles directrices qui se laissent manipuler par lui et qui n'appliquent pas les sanctions qu'elles avaient promises s'il recommençait (ce qu'il a fait plusieurs fois). Mettez vos culottes, bonyenne!

En attendant, je peux vous dire que j'essaie d'être neutre avec lui en classe, mais sachant ce qui se passe parce que les autres profs suivent de près les élèves harcelées, c'est difficile. D'autant plus qu'il me boude parce que j'ai refusé ses avances ou je ne sais pas trop.

En attendant, il ose à peine m'adresser la parole. Tu parles d'un beau climat de classe!